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Chuunibyou : Plus qu'un ami... Une vie imaginaire !

Chuunibyou saison 1 se révèle être un anime sérieux sur lequel il y a beaucoup à dire. Au-delà de son ton humoristique, les thèmes abordés sont graves et le scénario permet de les traiter avec une certaine profondeur.

Mais rappelons d’abord l’histoire :

Yuta Togashi est un jeune garçon qui s’apprête à entrer au lycée. Au collège il avait la Chuunibyou : un état où il prétendait être un personnage doté de pouvoirs magiques, évoluant dans un monde fantastique imaginaire. Mort de honte en y repensant, il décide d’effacer toute trace de ce passé et de devenir un lycéen ordinaire. Mais la veille de la rentrée, descend sur son balcon Rika Takanashi, une jeune fille complètement atteinte par la Chuunibyou. Celle-ci prétend être un être des ténèbres, possédant le « Jao Shingan » un pouvoir scellé en elle. Connaissant le passé de Yuta, elle essaiera de ranimer le « Dark Flame Master », qu’il disait être.

L’histoire semble au premier abord promettre un anime délirant et des personnages tout autant haut en couleur, et c’est la cas, Rika est sévèrement « à fond » dans son personnage, tout comme son amie Dekomori ; le décalage entre les scènes épiques imaginées par elles et la réalité sont désopilantes à souhait et la tentative désespéré de Yuta et de Nibutani pour oublier leurs Chuunibyou est réduite à néant par Rika et Dekomori, lors de situations amusantes.

Cependant l’aspect enjoué et léger de l’anime est vite évincé par des révélations aussi sombres que dramatiques. On apprend, dès l’épisode 7, que quelques années auparavant, Rika a perdu son père, mort de maladie alors qu’elle était petite. De plus sa famille lui avait caché l’état de santé de son père, en raison de son jeune âge. A partir de ce moment, l’ambiance de l’anime change drastiquement et cesse de n’être qu’une comédie, pour donner à la Chuunibyou de Rika un aspect beaucoup plus sérieux.  

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© Torako/Kyoto Animation

Le deuil dans un anime

Le thème de fond de Chuunibyou est donc le deuil. Rika depuis la mort de son père s’est enfermé dans la Chuunibyou, suscitant l’incompréhension et la peine de ses proches. L’anime traite là un premier sujet. Pour ses grands-parents, sa mère et sa grande sœur Touka, Rika s’est enfuit dans un monde imaginaire pour échapper à la réalité. Mais la conclusion que l’anime permet de tirer est plus nuancé. Voyons cela en différents points.

Le deuil de Rika avec sa soeur

Premièrement, l’anime s’attarde sur la relation conflictuelle entre Rika et sa grande sœur. Pour Rika, sa sœur Touka est une prêtresse, mandée par le Vatican pour la surveiller, et qui l’empêche de partir à la recherche des « barrières invisibles ». Dans la réalité, Rika vit chez sa grande sœur et celle-ci considérant l’attitude de sa petite sœur puérile, essaye effectivement d’y mettre un frein. Le personnage de Touka, apparait très antipathique dans les premiers épisodes. Mais on comprend vite son souci de canaliser Rika, car les personnes atteintes de la Chuunibyou peuvent faire des choses dangereuses pour elles-mêmes, comme descendre à la corde du troisième étage, ou jouer les équilibristes sur la rambarde d’un pont. Et très vite, on découvre que Touka reproche à Rika de faire de la peine à leurs proches et se sent démunie face à la Chuunibyou. L’opposition entre les deux sœurs montre à quel point la famille considère que Rika est entrée dans la Chuunibyou pour ne pas faire son deuil et met égoïstement dans l’embarras ceux qui l’on fait. Touka est alors un personnage qui voudrait que Rika fasse face à la réalité pour son propre bien et celui de ses proches.

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© Torako/Kyoto Animation

Le deuil par la Chuunibyou

Deuxièmement, l’anime, notamment à l’occasion des oppositions entre Rika et sa famille, nous montre à quel point la façon de faire un deuil diffère d’une personne à l’autre. En effet, Rika dit à Yuta qu’elle a vu son père passer dans une lumière le jour de sa mort. Ceci fait écho aux fameuses « barrières invisibles » que recherche la jeune fille. Ainsi, la Chuunibyou devient un point crucial et non plus un caprice servant d’échappatoire à une réalité trop dure. Contrairement à ce que pense sa grande sœur et ses proches, la Chuunibyou est la façon de Rika de faire son deuil.

A ce moment de la réflexion, il convient de mettre en lumière le contexte de la mort du père : Celui-ci, était atteint d’une grave maladie. Comme Rika était très jeune, on le lui a caché, jusqu’au décès. Voilà déjà un détail important, la disparition de son père a été bien plus brusque et incompréhensible pour Rika que pour sa famille, qui avait eut le temps de se préparer. C’est du coup la demande de Touka que Rika cesse la Chuunibyou et fasse son deuil qui semble injuste et égoïste. Dans l’anime Rika voit Touka comme une « prêtresse ennemis » : ennemis car celle-ci veut mettre un terme à la Chuunibyou et empêche, sans le savoir, sa petite sœur de faire son deuil ; prêtresse, car c’est le prêtre qui effectue la dernière cérémonie d’adieux, or Rika n’a pas eu le temps de dire adieux, comme elle le dira lors d’un flash-back « papa n’est pas mort ». Rika ne cherche pas à fuir la réalité, mais par la Chuunibyou, elle cherche les « barrières invisibles » qui lui permettront de revoir son père, pour pouvoir lui dire adieux et enfin faire son deuil.    

Le deuil et les amis

Enfin, après le rôle de la famille et le deuil personnel, la relation de Rika avec Yuta et la bande d’amis que nous suivons dans la série est moins évidente. Yuta, qui cherche à enterrer tous souvenir de sa Chuunibyou, passera tout l’anime à ramener Rika et Dekomori sur terre. Sauf à certains moments, où il décidera d’entrer dans le jeu de Rika et même de redevenir le « Dark Flame Master », pour la faire réagir ou en contrepartie pour la forcer à faire ses devoirs…

Mais cette volonté de Yuta de sortir Rika de la Chuunibyou tout en y retournant parfois avec elle, contraste avec le refus catégorique de Touka de laisser Rika dans cet univers imaginaire. On peut alors se dire, que Yuta représente un soutien, qui, comme la canne pour Dali, permet à Rika de garder un pied dans le réel, tout en l’accompagnant vers la fin de cette Chuunibyou avec douceur. Yuta et ses amis seront les seuls à comprendre, à la fin de l’anime, l’importance de la Chuunibyou pour Rika, et Yuta sera le partenaire choisit par la jeune fille pour finalement trouver le moyen de faire ses adieux à son père.

Enfin

Chuunibyou est donc un anime humoristique qui explore en même temps un panel d’émotions et de relations complexes. La profondeur des thèmes abordés est inattendue et apparait très tôt dans l’anime, faisant comprendre aux spectateurs que ce qu’ils regardent n’est pas seulement les délires absurdes d’une lycéenne et le dépit comique de ses amis blasés ou aussi délurés qu’elle.

D’autre point mérites d’être étudiés dans l’anime, comme la honte de Yuta et sa volonté de se débarrassé à tout prix de son passé imaginaire, qui fait écho aux jeux que tous le monde à pu avoir étant enfant ; la conscience des personnes atteintes de Chuunibyou qui, comme le dira Dekomori : savent bien que ce monde imaginaire n’est pas réelle ; ou encore la joie de Rika de trouver un mentor en Chuunibyou en la personne de Yuta et le déséspoir de Dekomori de voir Rika s’éloigner de leur monde fantastique.

Le spectateur peut être frustré de ne pas en savoir plus sur ce qui a poussé Dekomori ou Nibutani à entrer dans la Chuunibyou et de constaté que l’anime se centre assez vite sur Rika et Yuta, en laissant les autres personnages sur un plan très secondaire. Mais cette première saison reste cependant un divertissement très amusant et un sympathique anime du genre tranche de vie.   

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© Chuunibyou the Movie Kyoto Animation

Layer Hadrien  02/2020

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