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Le roi des oiseaux

Il y a bien longtemps, les oiseaux vivaient en une société unie et tous étaient blanc ou gris. Un jour leur vieux roi mourut, comme il n’avait aucune descendance, il fallait décider qui serait le prochain roi.

 

« Moi ! Disait l’aigle. Je suis le plus fort et le plus grand. »

 

« Moi ! Disait le rossignol. De tous j’ai le plus beau chant. »

 

« Moi. Disait le hibou. Car je suis le plus sage. »

 

Et chacun avait une bonne raison d’être le roi. Comme aucun n’était d’accord, il fut décidé, que le roi serait l’oiseau ayant le plus de toutes ces qualités, alors un grand concours fut organisé. Tous voulaient participer, sauf un.

 

« Moi aussi j’aimerais être roi. Disait-il tout bas. Mais je n’ai aucun don, ni aucune qualité particulière comme les autres, je ne le mériterais pas. »

 

Baissant tristement la tête, il s’envola loin du chahut des épreuves qui commençaient pour cacher sa peine.

Mais à ce moment, le vent se leva. De plus en plus fort, il faisait d’abord plier les roseaux des mares, puis, très vite, de terribles bourrasques soumettaient les branches les plus solides des arbres. Le ciel se teinta d’un gris sombre et épais, les rafales du vent devenaient si puissantes que l’on entendait plus qu’elles, comme si dans un élan de fierté, Zéphyr voulait rappeler son pouvoir. Ce fut la plus horrible des tempêtes et les oiseaux affolés, étaient emportés dans les airs, leur royaume qui ne leur appartenait plus. Celui qui s’était éloigné revint en arrière et tenta de ramener à la raison ses concitoyens :

 

« Là-bas ! Il y a une caverne dans la roche ! Nous y seront à l’abris, suivez-moi vite ! » Il s’envola vers l’abris, suivi des siens, alors tous se réfugièrent dans la cavité de la falaise, où le souffle furieux du vent ne pouvait les atteindre.

 

Là, rassurés, chacun lissa ses plumes ébouriffés ; ceux que le vent avait jeté contre des arbres frottèrent leurs ailes endoloris, mais tous étaient hors de danger. Soudain, une mère poussa un affreux cri, son oisillon était resté dehors. L’aigle promis alors de le lui rapporter, déployant ses puissantes ailes, il sortit de l’abris, mais le vent était trop fort, et lui trop imposant, les rafales le repoussaient contre la falaise et après maintes tentatives, désolé, il dû abandonner. Les autres oiseaux baissèrent la tête, aucun n’aurait le courage de l’aigle et la mère se lamenta sur le sort de son oisillon. Mais, l’oiseau, celui qui avait trouvé l’abris, se lança au-dehors sous les regards étonnés de tous, il n’était pas aussi fort que l’aigle, mais il était agile, il évitait les rafales par d’habiles pirouettes, se faufilait au travers des bourrasques, fut mis à bas plusieurs fois par le vent, mais attendait le bon moment et s’envolait de plus belle dans un duel acrobatique contre le maitre des tempêtes. Finalement, il trouva l’oisillon recroquevillé dans un tas de feuilles coincées par des racines et le rapporta dans l’abris. La mère prit son enfant dans ses bras et remercia par mille fois le sauveur, qui essoufflé et épuisé, alla s’asseoir, les pattes encore tremblantes, sous les applaudissements éblouit des autres et l’aigle qui lui tapotait l’épaule avec admiration.

La tempête dura longtemps, même après que le hibou ait fini de raconter ses histoires, le moral des oiseaux était au plus bas et tous arboraient un visage lugubre. Quelques oisillons se mirent à pleurer, croyant qu’ils ne pourraient jamais plus sortir. Alors l’oiseau alla trouver le rossignol :

 

« Mon frère rossignol, ton chant est le plus beau et le plus gai de tous, ne veux-tu pas chanter pour nous rendre le moral ? »

 

Le rossignol leva un bec d’une tristesse infinie, dans l’émotion et le désespoir, il avait perdu sa voix et ne pouvait plus chanter. Alors, l’oiseau réfléchit, puis il prit une grande inspiration et chanta. Ce n’était pas le chant le plus harmonieux, ni le plus beau, ni le plus joyeux, mais il portait dans chaque note la chaleur des rayons du soleil sur les arbres, l’espoir qu’apporte l’aube opaline et la couleur d’un arc-en-ciel après la pluie. Il était un peu maladroit, un naïf et parfois même un peu faux, mais tous écoutèrent ce chant et retrouvèrent le sourire. Lorsque son chant retomba, l’angoisse avait disparue et la sérénité régna dans l’abris. Alors le Hibou prit la parole :

 

« Jeune oiseau, pour nous avoir protégé, pour avoir fait preuve d’un courage et d’une adresse exemplaire, pour nous avoir redonné espoir et joie ; je déclare que tu es le seul parmi nous capable d’inspirer nos cœurs et propose devant tous, que tu deviennes notre roi ! »

 

« Vive le roi ! » S’écria l’assemblée.                                    

 

A cet instant, le tempête se calma, les nuages se dispersèrent et un trait de lumière éclaira l’entrée de l’abris. Tous se précipitèrent au dehors pour admirer le ciel qui leur paraissait plus bleu qu’avant. Dés que les rayons du soleil touchèrent le nouveau souverain, son plumage se teinta de mille couleurs : brun et or pour la force et le courage, émeraude et argent pour l’espoir et la compassion, ocre, saphir, rouge flamboyant, turquoise et bien d’autres parèrent ses ailes, sa tête et son corps. Tous les oiseaux furent éblouis et se prosternèrent avec respect, devant leur roi.

 

Son règne fut bon et glorieux, la société des oiseaux connue des temps prospères. Un beau jour cependant, alors que le roi conduisait son peuple dans le ciel, des détonations retentirent, des balles sifflèrent et quelques plumes furent arrachées. La panique s’empara de chacun, mais le roi commanda à ses sujets de voler devant les nuages, ainsi, leur plumage blanc et gris se confondrait avec la brume céleste. Les oiseaux obéirent et disparurent un par un devant les nuages. Malheureusement, le roi des oiseaux et son plumage chatoyant ne pouvait se cacher comme les autres. Il sauva son peuple mais vola pour la dernière fois.

Les temps bénis prirent fins avec ce jour funeste, la tristesse était si profonde, si douloureuse, que la société des oiseaux décida qu’elle n’aurait plus jamais de roi et se désunie. Mais avant cela, ils décidèrent de se partager les plumes colorées de leur roi, afin de ne pas l’oublier, c’est pourquoi les oiseaux sont si colorés, cependant certains arborent une robe noire, car chacun leur tour, ils portent le deuil. Aujourd’hui encore cette tradition perdure et c’est le tour des corbeaux et des merles.

 

Layer Hadrien

Le 18/12/2017

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